Ce titre étonne sûrement certains d’entre vous qui ne sont pas au courant de mes précédentes péripéties... Je vous avoue que j’avale lentement la réalité mais enfin, il me semble important de vous tenir informer. Notez que c’est mon premier article sur notre super blog !
J’ai donc fait l’allé retour à Detroit, il y a environ 10 jours maintenant.
Voici la petite histoire :
Vendredi soir (ou plutôt samedi matin), au lit à 2h après avoir finalisé la valise pleine à craquer pour 2 mois.
Samedi donc, levée 3h30, décollage prévu pour 6h10. Arrivée à Amsterdam, sereine, et décollage pour Detroit, toujours sereine... non pas tant que ça.
Le fait est : je n’ai pas pris la peine de faire un visa pour mon stage aux US car l’allé retour à l’ambassade à Paris + les 800euros de frais de visa J1... C’était beaucoup de frais pour finalement pouvoir faire autrement, enfin c’est ce que je croyais.
Arrivée à Detroit à 13h30, heure locale (19h30 heure française). Le stress monte mais ça devrait bien se passer, j’ai préparer mon oral auprès de la sécurité américaine.
Les étrangers, file de gauche, les résidents, file de droite. Attente de 10min dans la file de gauche donc... Next! Next! Finalement vient mon tour. Un des mecs de la sécu est super souriant, pitié que je tombe sur lui! Bah non... Me voilà face à une big mama black pas commode du tout (oui je vous l’accorde, c’est son job). Je lui explique donc que je viens en tourisme à Detroit, pour visiter la ville et le Michigan (oui, Detroit est une ville peu touristique mais quand même!) et éventuellement faire un petit détour par Chicago... Pour combien de temps ? 2 mois. Et tu vas juste visiter pendant 2 mois ? Oui oui... Suis moi, on va te poser d’autre questions.
Marina la blanche blonde arrive dans une salle remplie d’hispano, noirs... je fais contraste par rapport aux autres, mais au moins je suis ravie d’apprendre qu’on est tous logé à la même enseigne. Pas de racisme pour l’immigration américaine c’est un fait !.. enfin presque.
Mama pose donc mon passeport dans un casier à côté de tant d’autres et me conseille de m’assoir là où je trouverai bien une place en attendant mon tour...
Minutes après minutes, c’est le défilé. Les mecs de l’immigration sont scotchés devant leurs ordinateurs, passeport posé à côté du clavier, souris en main, à faire des recherches sur je ne sais quoi pour décréter si oui ou non le propriétaire du passeport est «acceptable sur le territoire américain... ou non». Aucune personne me précédant n’est renvoyée, tout le monde peu sortir... Chouette ! Ca ne devrait pas durer longtemps dans mon cas.
Sauf que non, ça fait déjà 10min que je guette mon passeport, qui est entre les mains du seul agent à peu près mince qui fronce les sourcils en regardant son écran.
« Meurina Troupine? » « Yes? » « Come here. »
Je le rejoins donc, sourire poli aux lèvres en me disant que ça va me rendre service. Il me repose les mêmes questions mais je vois bien que je ne peux plus baratiner avec lui... Je crache donc le morceau très rapidement : je viens participer à un programme d’apprentissage (qui s’apparente à un stage pour mon école) dans une agence d’architecture (qui fonctionne de façon particulière, je vous l’accorde... difficile de vous expliquer)... Pourquoi ne pas en avoir parler à l’autre agent ? J’avais peur que vous décrétiez avoir besoin d’un visa et que je sois renvoyée en France...
Les questions se succèdent, je ne sais pendant combien de temps. Peut être une heure.
Portable interdit, évidemment. Aucune communication possible avec l’extérieure.
Venez, on va chercher votre valise.
Fouille des différents sacs et valise que je possède, fouille également de mon téléphone, mails, messagerie, etc... Ils trouvent des papiers attestant de ma participation dans l’agence, mais il n’est toujours pas convaincu de ma présumée «innocence».
Retournez vous assoir. Monsieur se re-poste devant son écran, fronce toujours les sourcils devant les multiples recherches qu’il fait sur l’agence, sans réellement vouloir comprendre.
3 heures se sont presque écoulées maintenant il me semble, quelqu’un est censé m’attendre à l’aéroport... J’ignore s’il attend toujours.
Entre temps, tous les agents de l’immigration sont mis au courant de mon histoire. Il ne reste pratiquement que moi dans l’aéroport avec eux.
Finalement il me rappelle.
« Ok, je vais tout mettre par écrit. »
Je dois prêter serment, et c’est parti pour une heure supplémentaire de questions-réponses déjà faîtes... mais tout d’abord, commençons par la base :
- « Votre nationalité et votre lieu de naissance » « Française, Guyane Française, Kourou. »
- « Guyane Française ? C’est où ça ? » / « euuh en Amérique du Sud, au dessus du Brésil (ABRUTIS! !!) » ... « Et Kourou tu l’écris comment? »... HUM
etc etc etc etc etc... ça me semble interminable.
Finalement après tout ce temps il me dit :
- Je ne comprends pas bien le but de votre venue à Detroit. Je pense que vous avez besoin d’un visa.
- Mais je vous ai expliqué plusieurs fois le but de ma venue ! Quel visa ?!
- Oui mais je ne sais pas si je peux vous croire. Sûrement le visa J1.
Le dernier paragraphe de ce foutu oral retranscrit est le suivant :
"Your true purpose of travel could not be determined.
You misrepresented the true purpose of your trip to U.S. Customs & Borders Protection officers today.
Your contact person in the United States also did not tell U.S. Customs & Borders Protection officers your true purpose of travel.
You are found inadmissible to the United Stated and charged with 212 of the Immigration and Nationality Act.
You will be returned to France today.
You will need a visa for all future travel to the United States."
Après ça j’ai le droit de passer un coup de fil aux parents pour leur annoncer la bonne nouvelle... eux qui n’ont eu aucune nouvelle depuis l'atterrissage.
Prise d’empreintes, photo, et relecture par moi-même dudit écrit : signer afin d’approuver s’il vous plaît...
Retour immédiat pour la France, je suis escortée par 2 agents jusqu'à l’avion, passeport donné à l'hôtesse de l’air (je ne suis pas au courant, mais sûrement suis-je une terroriste sans en avoir conscience)... Finalement on me remet le passeport gentiment à l’arrivée à Amsterdam. L’avion a eu une heure de retard, correspondance pour Toulouse ratée, va falloir attendre le prochain... Un vrai bonheur ! Je suis également inscrite sur la «liste» dans l’avion Amsterdam-Toulouse, l’hôtesse ne comprend d’ailleurs pas et me demande pourquoi suis-je inscrite sur cette liste qu’on lui a transmis ? Problème de visa... C’est la seule chose que je suis capable de répondre. Oh d’accord, je suis vraiment désolée, encore ces américains qui en font tout un plat !
Arrivée à Toulouse à 13h30. Heure de sommeil depuis 3 jours ? 1h30... une véritable tête de zombie...
Le réalité de l’histoire c’est que je n’avais pas besoin de visa car je n’étais pas rémunérée pendant ce stage, et je ne devais pas travailler plus de 20heures par semaine (ce qui signifie que le reste du temps = tourisme)... mais ça malheureusement je n’en étais pas certaine 2 jours auparavant. Je ne sais même pas si ça aurait changé quelque chose...
J’étais censée travailler sur la restauration d’une maison en centre communautaire, dans un quartier assez pauvre dont le propriétaire était un homme ayant fait 9 ans de prison qui aujourd’hui voulait faire de son quartier un lieu meilleur, où les jeunes puissent s’épanouir plutôt que devenir comme lui était devenu à leur âge. Je devais être accompagnée d'architectes et de designers. Ca devait être une expérience exceptionnelle... Adieu l’expérience !
J’étais en contact avec eux depuis 2 mois déjà, à distance, et je travaillais avec eux, échangeais sur le projet en cours.
4 mois anéantis pour une connerie... mais je me plaît à croire que si c’est arrivé, c’est que ça ne devait tout simplement pas se faire. Surement le destin a t’il fait son devoir.
Me voilà donc en Italie, près de Rome, depuis dimanche. Stage en agence d’architecture commencé lundi. Merci la famille qui sauvent de précieux ECTS dont j’avais besoin pour pouvoir valider ma licence. Tout se passe bien, heureusement. Je touche la réalité de l’architecture italienne en travaillant actuellement sur une maison style Art Nouveau en cours de rénovation. J’ai également de longues discussions avec ma marraine, l’architecte, sur la crise du métier en Italie, mais également en Europe. C’est finalement une chance et tout ça me remet « doucement » les pieds sur terre.
Voilà pour les récentes péripéties de Trupin. Ca valait surement un article ça non ?
Pas sûr que vous ayez le temps de lire tout ça pendant votre périple...
Profitez bien ! Je regrette de ne pas m’être organisée différemment pour partager cette aventure avec vous... C’est vrai qu’au départ j’avais tracé un été bien différent de ce qu’il sera.
Alors faîtes moi rêver !
Baci a tutti !
From Roma, with love.
Article de Marina Trupin